Racisme : comment soigner une maladie de l’esprit ?

Article : Racisme : comment soigner une maladie de l’esprit ?
Crédit: Matheus Viana/ Pexels
24 juin 2022

Racisme : comment soigner une maladie de l’esprit ?

Des mains humaines noires et blanches qui se rejoignent. Crédit : Matheus Viana / Pexels

De plus en plus ignoré et relégué au bas du classement peu triomphant des maux qui gangrènent la société depuis des siècles, le racisme continue pourtant d’être un fléau qui devenu presque invisible fait des ravages indescriptibles.


Ma mémoire aujourd’hui me permet de me souvenir, me souvenir de mon enfance où en culotte courte assis sur les tables bancs en bois de cette charmante école primaire monsieur Parfait, maître de CM2 nous donnait une leçon sur la présence française et britannique au Cameroun après la première guerre mondiale. Alors qu’il nous relatait cette partie très importante de notre histoire, un de mes petits camarades lança « je déteste vraiment trop les blancs ». Une vague de rire traversa la salle de classe et monsieur Parfait ne dit pas un mot. Cette pensée, il n’était pas le seul à l’avoir, car il était de bon ton de haïr les blancs. Que ce soit dans la cour de récréation ou bien après dans les amphithéâtres de l’université. C’était être patriote et être fier. Haïr l’Homme « blanc » pour le mal qu’il a fait à l’Homme « noir ». En somme, que de la haine.

Rendre à l’envoyeur pour panser les plaies

Cette haine est certainement le résultat de la souffrance de nos ancêtres. La société et certaines propagandes nous pousse à tout rendre à l’envoyeur qu’on considère aujourd’hui comme responsable de tout nos malheur. C’est donc cela le racisme. Cette maladie de l’esprit humain qui nous a si bien contaminés au fil du temps. Celle qu’on a de cesse de dénoncer et à laquelle on cherche un médicament invisible et introuvable. Cette maladie dont nous Africains d’Afrique et d’ailleurs avons cru être la cause. Mais cette maladie, celle-là même nous touche aussi. Elle est dans nos cœurs et dans nos esprits, et il faut s’en débarrasser. Dans une chanson de bikutsi très populaire au Cameroun et que j’aime beaucoup, il est dit : « (…) ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne me le fait pas… Ce qui t’énerve souvent, ne me le fait pas(…) ». Je n’ai de cesse de constater aujourd’hui que le racisme anti « blanc » est tout aussi important que le racisme nanti « noir« . J’ai discuté avec nombreux de personnes qui tenait le même discours. Quantité de personnes tiennent ce discours mais s’insurgent à chaque fois que des exactions sont commises sur les « noirs » parce qu’ils sont « noirs » et dans le même temps applaudissent lorsque l’inverse se produit.

Le racisme se nourrit depuis des siècles du manque de considération que l’être humain a envers son semblable. Il serait peut-être temps de changer les choses. Femmes et hommes Afrodescendant du monde entier, premiers dénonciateurs du racisme, il est temps de donner l’exemple, pour que nous-même fassions changer les choses pour le bien-être de tous. 
Il est temps pour l’homme noir en sanglots raconté par Alain Mabankou dans son livre « Le Sanglot de L’homme Noir», d’essuyer ses larmes et de prendre en main le changement de son monde, qui est aussi celui de milliards d’autres. Personnellement, j’ai adoré lire ce livre et je le recommande à tout le monde. Il m’a fait prendre conscience qu’il y avait une autre façon d’être africain. Qu’il était possible de cesser de vivre dans le passé et d’être les éternelles victimes de l’histoire.

L’éducation comme solution

J’ai la conviction que pour lutter contre le racisme, il faut donner de l’amour, de même, pour lutter contre la haine, il faut donner de l’amour. Contre une maladie de l’esprit, il n’y a pas de remède miracle, mais il existe des solutions. Parmi elles, l’éducation.

Quel meilleur moyen de faire évoluer les mentalités que d’éduquer et d’informer? Au fond, je le sais et vous le savez aussi ; nous sommes tous égaux, tous autant que nous sommes sur la terre. Par conséquent pourquoi ne pas le dire haut, fort et pleinement. Si on avait dit aux enfants en culottes courtes que nous étions dans cette charmante petite école que tous les Hommes sont égaux et qu’il ne sert à rien de détester des personnes aujourd’hui pour ce que d’autres personnes on fait avant eux, nous aurions été plus forts que n’importe quelle personne raciste, car on nous aurait appris l’amour et non la haine, et nous aurions pu l’apprendre à d’autres personnes à notre tour, tous autant que nous étions. Mais, il n’est pas trop tard. Il sera toujours temps de prendre ce virage et d’enseigner aux enfants en culotte courte de par le monde ce que c’est que l’amour, le pardon, la résilience et la fraternité. J’aurais aimé l’apprendre plutôt, mais aujourd’hui je sais ce que c’est et il n’était pas trop tard pour moi. 

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Commentaires

Emmanuel Kouffana.
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Excellente réflexion sur une thématique aussi complexe que sensible. Bravo pour cette belle initiative osée.